<<Je suis une poupée de cire>> [Pv]

Une journée plutôt banale s'annonçait, comparé à ce que l'on pouvait vivre ici, à Fallen Angel City. Le soleil était radieux, de quoi forcer les sales bestioles à rester cloîtrées chez elles, dans le noir. Il faut dire que les seuls moments plutôt paisibles à Fallen Angel étaient pendant la journée, voilà pourquoi le démon avait décidé d'en profiter.

Roxan Joyce, de son nouveau nom, se baladait mains dans les poches à travers la ville, comme l'aurait fait tout humain normal. Oui, il se devait de cacher son identité de démon, imaginez un peu la merde que cela pourrait provoquer s'il venait à ouvrir sa gueule et à foutre le feu à tout ce qui lui passait sous la main. Comparativement aux autres de sa race, il s'avérait être un homme plutôt posé, la schizophrénie mise à part, et pouvait donc facilement passé pour un de ces bipèdes communément appelé Homme.

S'arrêtant au détour d'une rue, il poussa la porte d'un café qui a cette heure était relativement bondé. Mais peu importe, cela ne le dérangeait pas vraiment, tant qu'un connard ne venait pas titiller sa patience, qui s'avérait relativement susceptible aujourd'hui. Il suffirait d'un regard de travers pour qu'il pète un cable... Il suffirait d'un mot déplacé pour qu'il foute le feu à ce putain de café.

Roxan soupira un coup et se dirigea vers une table libre dans le fond. Il ne détestait pas la foule, mais n'aimait pas non plus d'être le centre d'attention, il évitait donc toujours de s'asseoir là où les regards se posaient le plus: Près d'une femme avec des enfants, près d'un vieil ivrogne... Ou bien d'une jeune fille très jolie. Il risquait d'être vite irrité dans une situation pareille et devenait donc prévisible.

Une femme, qui semblait être la patronne, s'approcha de lui pour lui offrir le café. Le jeune homme la remercia, et quand elle disparu il porta la tasse à ses lèvres. Il était bouillant, mais pourtant cela lui paru comme glace et il l'avala en une gorgée. Pas une brûlure, rien... Il n'avait plus ce même plaisir en buvant du café, c'est fou comme l'on change en quelques années. Une autre femme, plus jeune cette fois attira son attention. Elle venait vers lui. Il la toisa du regard, elle avait de long cheveux rougeoyants qui attiraient le regard, et était vêtue d'une petite robe noire et blanche qui lui allaient relativement bien. Il avait changé, mais n'était pourtant pas devenu insensible aux jolies courbes pour la cause. Elle s'arrêta à sa table et se présenta;

- Bonjour, permettez-moi de vous déranger un instant, je m'appelle Layla. Je vous apporte la carte et prendrai votre commande dès que votre choix sera fait.Pour cela, il vous suffit de faire tinter la clochette présente sur votre table...

Layla... Il connaissait ce nom, mais avait vachement du mal à en déterminer son origine. Ses souvenirs étaient flous et les pertes de mémoires ne l'aidaient pas vraiment. Il se souvenait de beaucoup de personnes, mais celle-ci était introuvable dans son cerveau. Roxan eut beau réfléchir, rien ne vint.

Le garçon saisit la carte et l'ouvrit, mimant de jeter un coup d'oeil rapide à ce qu'offrait le café. Il savait déjà ce qu'il voulait... Peut-être était-ce pour qu'elle reste près de lui un peu plus longtemps? Il releva les yeux vers elle et lui rendit la carte, lui demandant d'une voix plutôt rauque;

Une bière s'il-vous-plait...

Il attendit qu'elle s'éclipse pour jeter un oeil par la fenêtre. Il avait l'impression de déjà vu, ce visage, ces cheveux... Cette aura. Pourquoi cette putain de maladie l'empêchait-il de se rappeler des choses les plus importantes? Qui était-il déjà? Sasuke, Kurai, Roxan? Un mélange des trois? Un peu de Roxan et plus de Sasuke? Il n'en savait strictement rien, c'était ça le pire.

Il ne sut combien de temps s'était écoulé entre son départ et son retour, avec la bière. Le tintement du verre le fit sortir de ses songes et il reporta son attention sur la demoiselle, les yeux mi-clos comme si il se concentrait intensément. Roxan effleura la main de la jeune femme lorsqu'elle posa le verre sur la table, et ce simple contacte lui donna la nausée. Putain c'était un monstre... Lui qui s'attendait à une simple humaine. Ce malaise soudain le rendit encore plus curieux (étonnant n'est-ce pas) et il vint lui saisir le poignet avec une force contrôlée.

Se pourrait-il que l'on se soit déjà vu? J'ai l'impression de vous connaître...

Il n'allait pas lui dire "Oh vous connaissez un Sasuke, un Roxan ou encore un Kurai?" Elle aurait pu croire à un psychopate et le foutre dehors... Il aurait ensuite mit le feu au restaurant et se serrait barré tout naturellement... Non restons calmes pour l'instant.

Etrange, il lui paraîssait étrangement connu, mais elle ne discernait pas d'où, ni comment.Elle ne le connaîssait ni d'Eve ni d'Adam, mais la sensation qu'il évoquait en elle l'insupporta, et l'attente à ses côtés, aussi agréable qu'elle fut à son coeur glacé, lui semblait éternelle et l'était tout autant.Si elle avait su que c'était lui qu'elle vengeait chaque soir, qu'elle attendrait toujours, qu'elle pleurait sur l'épaule de Kimitsu, l'idée de le faire partir n'aurait pas éffleuré son esprit.Elle ignorait pourquoi elle avait envie de se mettre en colère comme à la nuit tombée, pourquoi lui prenait plaisir à la faire patienter, elle lisait sur son visage de tombeur qu'il savait déjà ce qu'il allait boire.Faisait-il partie de ces pervers de bas étages qui la reluquait à longueur de journée ? Pourtant, vendre son corps, elle s'en fichait depuis longtemps.La reine de ce carnaval géant se retrouvait prise à son propre jeu, en position de faiblesse pour la première fois depuis qu'il était parti.

Ainsi, il finit par passer commande, ce n'était pas trop tôt elle avait encore du travail aux autres tables.Il y avait du monde aujourd'hui l'air de rien, il était arrivé à l'heure de pointe cet empêcheur de tourner en rond.

- Bien, je vous l'apporte tout de suite.

Saori, ou plutôt Layla, revint en cuisine sous les couinements de ses collègues qui trouvaient qu'elle avait bien de la chance, ça suffit à achever de l'énerver.

- Moi, je le sens pas ce type.

Elle passa par les toilettes des employées, passant de l'eau sur son visage qui bouillonnait de froid, parce que le froid...ça brûle aussi...et si quelqu'un avait touché sa peau à cet instant, il aurait sans doute pris feu, un de ceux qui sont impossibles à éteindre.Layla y resta une petite dizaine de minutes, et quand ses yeux reprirent une teinte normale, elle revint en cuisine et s'occupa de la bière du jeune homme qu'elle servit comme toute bonne fille de café belge.Ensuite, la déposant sur un plateau circulaire, elle prit également les autres commandes à amener en salle.La patronne la remercia et lui dit qu'elle aurait un petit pourboire supplémentaire de sa part.

L'effervescence des demoiselles était à son paroxysme, si bien qu'on entendit une gueulante de la patronne s'entamer lorsque Layla sortit apporter les différentes commandes, prenant soin de s'excuser pour le retard de ses compagnes, et vu son aisance, elles étaient toutes pardonnées au moins six fois.C'était au tour de la table qu'elle surnommait aujourd'hui la table du diable, ce qui faisait glousser les autres d'ailleurs.Elle s'approcha et déposa le verre du sinistre inconnu.A cet instant, elle sentit sa main toucher la sienne et eut l'impression d'être électrocutée, ce qui était strictement impossible puisqu'elle maîtrisait les courants électriques, ça ne pouvait être que lui qui lui avait fait cet effet.Ses yeux s'ouvrirent, scintillant d'une légère teinte orangée, elle sursauta et elle eut le pressentiment de devoir retirer sa main.A l'instant où elle le faisait, il attrappa fermement son poignet, assez que pour l'empêcher de se reculer, trop peu que pour qu'elle puisse se plaindre d'un quelconque abus par un client.

Il lui posa une question simple, à laquelle elle non plus ne savait pas répondre, et, dégageant au moyen de son autre main l'étreinte qu'il exerçait sur son poignet, lui expliqua simplement, avec ce reflet puissant dans le regard.

- Je suis Layla, une simple serveuse.On doit déjà s'être croisé un jour où je venais travailler, sans doute.

Elle remit une de ses mèches rouges sur le côté, ses yeux ayant repris une teinte tout à fait normal, et son sourire redevenant parfaitement naturel et mielleux, elle termina.

- Est-ce que vous désirez encore autre chose ou est-ce que je peux servir mes autres clients ?

[ Owiiiii owiiii, te frapper <3 ]

La jeune démonne s'attendait à une réponse classique.Le style du bien sûr, et je rechoisis une bière pendant trois jours pour vous retenir ici ou le frustré qui s'en va bien calmement avant d'être mis à la porte, et dans cette situation, vu l'humeur qu'elle arborait, cette option risquait d'être violente et très jouissive pour elle, sans basculer d'un côté plus instinctif, bien entendu.Ce fou - car il l'était - préférait attendre dehors et avoir la chance de se prendre un forfait baffe à volonté et meurtre en prime.Elle s'étonna plus de ne pas être surprise de sa demande que du fait qu'elle ne s'y attendait pas : cet homme était louche, et les personnes telles que lui n'étaient pas prévisibles; Elle le savait. Plus il restait, plus il l'interpellait, plus il la réveillait, plus il l'insupportait, et plus elle savait qu'il n'était pas un pervers de bas étage.Layla resta immobile, et sous le travail qui s'accumulait et la sensation d'être épiée par les autres, elle se contenta simplement d'un hochement de tête désintéressé, toujours avec ce sourire de miel pataugeant dans le plus grand bonheur et le plus grand épanouissement du monde.Elle rabattit ses cheveux de feu derrière son épaule droite d'un geste souple de la main.

- Rien qu'un peu, j'ai beaucoup de choses à faire ce soir.

Elle se retournait lorsqu'il continua sa phrase, sans doute emporté dans un élan de curiosité, le garçon la surprit cette fois.Le visage baissé, un sourire mauvais figea son visage quelques secondes dans l'ombre formé par sa chevelure flamboyante.Eclaircir un mystère ? Mais de quoi diable voulait-il parler ? Elle savait qu'il savait. Ce genre de réaction lorsqu'on éffleure quelqu'un ne peut mentir sur son identité même la plus secrète, il savait qu'elle était un monstre, elle savait qu'il était un démon, une autre type de monstre, lui ne pouvait juste pas savoir qu'elle n'était pas que ça. Pour le moment, cette nature prédominait sur toute autre chose, ainsi, elle rit d'un air léger, de nouveau la plus normale du monde et s'éloignant de lui sans plus s'en soucier.

- Vous m'en voyez ravie, je me ferais un plaisir de vous aider, mais je ne suis pas sûre que vous aurez ce que vous cherchez.

Elle retourna en cuisine, ce fut quelqu'un d'autre qui lui rendit son pourboire, elle préfèra ne plus retourner à cette fichue table...

Levant ses yeux au ciel, elle aperçut l'horloge une énième fois. Il n'y en avait qu'une, et pourtant, elle ne pouvait s'en détacher, son esprit fut préoccupé toute la journée en servant les autres clients qui s'interrogeaient de sa santé. Elle leur répondait en riant de manière apaisante.

- J'ai passé une mauvaise nuit comme beaucoup.Mais la patronne compte sur moi, vous savez !

Rassurés, les autres la charriait alors sur l'inconnu.

" Il t'a fait du pied, et maintenant tu l'as à l'oeil ! "
= Oh ! Je l'ai croisé, il attend sa princesse je crois !
<Ah ah ! Tu es un peu sa Fiona !
= Mais Shrek est moins beau garçon !

- Vous êtes très drôles vous savez, moi il m'énerve juste.

Ce ton exaspéré calma les caquêtements, le temps que Layla allait dans le vestiaire des serveuses.Leurs couinements vomitifs reprirent, leur passion des ragots les anima, la pitié de Saori l'emplit.Elle ferma la porte à clé, comme à son habitude, et alors que son apparence revenait à la normale, son vrai visage toujours encadré de ses cheveux qui ondulaient légèrement désormais.Elle prit soin de les laver doucement pour se calmer, de prendre une douche pour évacuer sa rage, ses pupilles prenant leur couleur blanche d'aveugle.L'eau chaude coula le long de ses formes, un parfum d'agrume se chargea de commencer à l'habiller et alors qu'elle fermait le robinet, elle se sécha rapidement, passant la brosse dans ses cheveux soyeux qui tombaient comme des flammes figées sur une robe aux teintes du coucher de soleil qui dévoilaient des jambes et des bras de neige.Elle retira son rouge à lèvre de service, et un rouge orangé le remplaça alors que son visage redevenait celui de Layla.Hiniku tenait absolument à ce qu'elle soit toute d'une couleur, " comme nous deux " disait-elle, " pour qu'on forme une famille vive, qu'on ne puisse pas nous quitter des yeux toutes les trois ! ".Sa candeur cachée sous ses aspects de femme l'avait trop attendri sans doute.Son regard reprit des airs d'océan, et elle sortit, munie d'un léger sac cuivré dans lequel elle avait fourré ses affaires, elle enfila une veste longue de la même couleur que son sac.Les autres ne la quittèrent pas des yeux, pas pour se moquer d'elle, mais parce qu'elles l'admiraient.Elle ne pouvait nier que sur le plan de la classe, elle était un cran au-dessus d'elle.

- Je vous laisse le magasin, aujourd'hui je ne saurais pas faire la fermeture, mais juste cette fois, promis !

Et elle sortit.Layla espérait tout d'abord qu'il ne serait plus là, mais même si il était dans un angle mort, elle avait senti sa présence.Alors qu'elle ouvrait la porte, elle dit calmement.

- J'espère que vous savez ce que vous cherchez, j'ai horreur de perdre mon temps.

S'avançant, elle lui indiqua de commencer à marcher en...lui faisant un bref signe en ouvrant un bras pour lui montrer la rue et en ne l'attendant pas, elle ne pouvait pas se permettre d'être en retard sinon les deux autres allaient lui faire un scandale en pleine rue.

- Et j'ai déjà horreur de vos petites manies et de votre curiosité.